« I’d like you to spoon me » lui susurre-t-elle, faussement suppliante. Elle roule lascivement sur le côté, lui présentant son dos dans l’obscurité claire d’une nuit déjà bien avancée. Elle soulève légèrement sa tête, l’invitant ainsi à glisser son bras sous son cou et à l’enlacer, comme il l’enlace toutes les soirs depuis 20 mois et 2 jours.
A l’approche de l’été, les nuits sont déjà étouffantes dans la Capitale alors le ronronnement de la climatisation s’ajoute à celui du purificateur d’air. Les corps sont chauds. Les corps sont nus. Les corps sont beaux. Corps dorés et draps blancs.
Avec délice, elle égrène les quelques secondes avant qu’il ne se décide à la rejoindre, à glisser son bras gauche sous son cou, à poser délicatement sa main droite sur sa poitrine menue, à l’enlacer comme il l’enlace tous les soirs, à caler son corps sur toute la longueur du sien. Le spooning est un art qui nécessite une parfait complicité afin de toujours accroître les zones de contacts et garder cette position toute la nuit. Quelques ajustements, le léger déplacement d’une jambe ou d’une épaule et ils sont prêts. Les yeux clos, elle attend les mots doux qui vont venir, nécessairement. Le corps parfaitement statique, il relève uniquement la tête et plante son nez dans sa chevelure blonde, il inspire profondément à plusieurs reprises l’odeur légèrement âcre d’un corps en été, il lui glisse des baisers légers dans le cou et sur l’épaule droite. Il lui dit qu’il l’aime comme il n’a jamais aimé personne. Elle reste immobile, frisonne intérieurement et murmure tendrement qu’elle l’aime aussi.
Le temps est suspendu l’espace d’un premier sommeil. Alors tout doucement, de façon à peine perceptible, une touche infime dans ce sublime tableau impressionniste de corps nus admirablement emboîtés, elle modifie subtilement la pression de sa main son bras, elle déplace délicatement un talon. Dans toute sa prétendue fragilité, elle cherche à se lover encore davantage. Elle peine à contenir son désir frémissant qui explose lorsqu’elle sent son sexe grandir. Alors elle se retourne vivement. Elle saisit son visage de ses deux mains. Elle colle sa bouche à la sienne. Les langues se rencontrent. La danse attendue des corps commence.
Ce soir elle ne veut pas de doux baisers. Ce soir elle ne veut pas de longs préambules. Elle ne veut pas de tendresse superflue. Elle le veut sur elle. Elle le veut en elle. Elle le veut maintenant. Elle veut sentir son sexe turgescent la pénétrer, longtemps, profondément. Elle veut sentir son corps peser sur elle. Il l’aime et il la comprend. L’éternel romantique se fait animal. Il saisit son corps svelte qui se tend et s’arque. Les ondulations de son bassin lui procurent des vagues de plaisir non dissimulé. Elle miaule divinement.