Le Padawan qui se voyait Jedi

Depuis l'enfance, j'ai toujours eu des velléités d'écrire.

Comme ma mère s'amusait à me le rappeler hier, on pourrait situer le déclic lorsque j'étais collégien. Passionné par les sciences, je m'amusais avec les formules mathématiques. J'adorais les couleurs des réactions chimiques et surtout j'étais fasciné par la prédictibilité des expériences en science physiques. Dans ce monde qui laisse la portion congrue aux lettres, j'ai découvert la force des mots pour exprimer une pensée avec précision. C'est aussi à cette période que j'ai commencé à lire le dictionnaire de façon systématique. Je lisais plusieurs livres en parallèle, moins avide d'histoires ou de connaissances que de d'émerveillement devant la puissance d'évocation des phrases.
Plus tard, à l'université, engagé dans un cursus scientifique exigeant, j'ai animé un journal à la parution capricieuse pour lequel j'écrivais des articles et des nouvelles. Encore plus tard, j'ai tenu un journal de bord de mes pérégrinations orientales. Et encore plus tard, j'ai démarré ce roman. Et puis mes activités professionnelles m'ont conduit à rédiger des notes et des rapports sous diverses formes.

Pour ainsi dire, j'ai toujours été baigné dans les mots mais je ne me suis jamais interrogé sur le processus d'écriture, en particulier dans le cadre d'une fiction. Plus précisément, je partageais naïvement la vision romantique largement répandue. Habité par son histoire et ses personnages, l'écrivain, isolé dans sa chambre, inspiré par le rythme imperturbable des marées et l'horizon infini est un créatif incroyable avec une imagination sans limite. La réalité est -- forcément -- toute autre. L'écriture, comme tout activité humaine, nécessite non seulement des compétences mais surtout des efforts.

Dans mon contexte, cela requiert en outre une discipline pour ne pas toujours remettre au lendemain. A ce titre, j'ai rejoint ce matin un groupe de personnes qui dédient 2 heures chaque jour à leurs projets d'écriture. Il semble que le simple fait de se retrouver dans un café à heure fixe est un facteur immense de motivation. Les entreprises sont variées: du mémoire de licence au roman historique, en passant par une thèse sur la montée du nationalisme en Europe. C'est fascinant.